Actions et réactions: l’avenir de l’économie océanique durable dans l’Arctique

Kendra MacDonald, PDG, Supergrappe des océans du Canada

J’ai eu l’occasion de passer du temps dans l’Arctique au cours des deux dernières semaines pour explorer les possibilités et les défis.Ainsi, la semaine dernière, nous avons tenu notre premier atelier Innovation océanique pour un Arctique durable à Iqaluit au Nunavut grâce à la précieuse assistance de partenaires locaux, dont notre partenaire hôte, Qikiqtaaluk Corporation. Cette semaine, j’ai assisté à la conférence Arctic Frontiers à Tromso en Norvège.Le thème de la conférence était Actions et réactions; notre responsabilité d’être proactifs dans la construction de l’avenir de l’Arctique malgré les défis auxquels nous sommes confrontés.
 
Ces deux événements furent pour moi une occasion importante d’entrer en contact avec les communautés du Nord, pour écouter et mieux comprendre les possibilités et les priorités de l’océan. Nous avons entendu les vues du gouvernement, des collectivités, des ONG, des chercheurs et de l’industrie et nous avons axé les discussions sur les possibilités importantes dans l’Arctique, mais aussi sur les défis importants.
 
Bien qu’il y ait certainement beaucoup de différences entre les nations arctiques, j’ai été frappée par la cohérence de plusieurs des messages au cours des deux dernières semaines, dont :
 

  • L’Arctique est confronté à des défis uniques : on y subit des conditions météorologiques difficiles, les collectivités sont petites, éloignées et dispersées, les coûts d’exploitation et de développement sont très élevés et on y trouve des lacunes en matière d’infrastructure et de données. En même temps, les collectivités du Nord ont une longue histoire et une longue expérience de ces défis et on peut apprendre beaucoup de leurs expériences. Les défis offrent des possibilités; des approches et des solutions innovantes s’avèrent donc nécessaires.  L’Arctique a besoin d’une réflexion à long terme et d’engagements de financement et de partenariats à long terme.
  • Climat : L’Arctique se réchauffe au moins 4 fois plus vite que le reste de la planète.  Un conférencier a d’ailleurs parlé de l’Arctique comme du canari dans la mine de charbon; ce qui nous a donné un aperçu des effets du climat sur le reste du monde.  L’accent a été mis sur les changements de la glace de mer, la perte de biodiversité, les écosystèmes vulnérables et les répercussions significatives sur les modes de vie traditionnels.  Toutes les solutions apportées doivent être durables.  Compte tenu de l’urgence des défis climatiques, comment agir rapidement, mais avec respect?
  • Les solutions ou les programmes doivent être conçus et dirigés conjointement avec les communautés : nous l’avons entendu tout au long des deux semaines. Chaque communauté est différente et les solutions doivent correspondre à leurs véritables besoins. Nous devons cependant équilibrer la participation des communautés et leur sursollicitation. La communication avec les communautés doit être culturellement pertinente. Les priorités des collectivités peuvent dépendre de la saison et les organismes qui souhaitent travailler avec elles doivent bien comprendre ces priorités. Les connaissances traditionnelles au sein des collectivités doivent être respectées et peuvent apporter une valeur significative à tout partenariat.  Un dialogue continu doit se poursuivre avec ceux qui considèrent l’Arctique comme leur foyer, soit les communautés autochtones qui sont des partenaires et des titulaires de droits. Il ne doit pas s’agir uniquement de consultations auprès de parties prenantes réalisées par principe.  Par exemple, en examinant les possibilités offertes par la pêche côtière, cela est important à la fois pour la sécurité alimentaire et pour les débouchés commerciaux, et les solutions doivent être codirigées par les communautés. Les solutions doivent tenir compte des défis plus vastes auxquels les communautés sont confrontées, notamment la sécurité alimentaire, les garderies, le logement, les soins de santé et l’éducation.  Comme plus d’un conférencier autochtone l’a dit, « rien à notre sujet sans nous impliquer ».
  • Lacunes importantes dans les données – il est difficile pour les décideurs de prendre les bonnes décisions sans avoir accès aux données.  On retrouve peu de données de base, une pénurie de plateformes d’échange de données accessibles au public, une absence d’interopérabilité des ensembles de données actuelles, ainsi que de capacités et de formations sur la visualisation des données brutes. Il s’agit d’un défi important dans l’Arctique.  La connaissance doit être au centre des décisions. Il est nécessaire de tirer parti de la technologie pour recueillir plus de données, mais on a également été rappelé que la collecte de données ne devrait pas être extractive; que les entreprises et les chercheurs doivent être conscients des principes CARE; que les données devraient être pour le bénéfice collectif des peuples autochtones; les peuples autochtones devraient avoir l’autorité pour contrôler les données; les personnes qui travaillent avec les données ont la responsabilité de partager la façon dont ces données sont utilisées; et les données devraient être utilisées de manière éthique avec les droits des peuples autochtones et leurs préoccupations principales. L’intelligence artificielle présente de nombreuses possibilités pour appuyer une meilleure prise de décision, mais c’est plus difficile avec des données manquantes.
  • Accroître l’accès – la fonte de la glace de mer accroît l’accès aux voies de navigation et aux ressources naturelles.  L’accent est mis sur le maintien de la paix dans l’ensemble du Nord, mais il y a aussi des risques avec la Russie en tant qu’intervenant clé dans l’Arctique.  La réglementation joue un rôle important pour assurer une activité appropriée dans le Nord et la gouvernance de l’Arctique continue d’évoluer.
  • Une valeur significative passe par l’amélioration de l’innovation collaborative en rassemblant les gens là où les idées se produisent. De plus, cela crée des possibilités d’offrir de nouvelles solutions technologiques pour soutenir les connaissances traditionnelles.

Nous espérons que les discussions commencées à Iqaluit continueront de se développer en possibilités de collaborer dans l’Arctique d’une manière qui profite aux communautés de l’Arctique. Plus de la moitié du littoral du Canada se trouve dans l’Arctique. Des relations significatives avec les collectivités inuites sont donc essentielles à la réalisation d’Ambition 2035 pour notre économie océanique. Alors que nous travaillons pour atteindre un potentiel de croissance de 5 fois dans les océans, il est plus important que jamais que nous comprenions d’abord les possibilités uniques qui s’offrent aux trois océans et que nous devons trouver des moyens de travailler ensemble pour offrir des solutions importantes aux collectivités, tout en générant des possibilités économiques importantes.