Le changement de marée

de : Aaron Stevenson, PDG de Ashored Inc

Nous vivons un moment passionnant dans la technologie des océans au Canada et en particulier chez Blue Tech, que je décris comme étant l’intersection des sciences, de la technologie et de l’industrie maritimes.  L’entreprise est née de la masse croissante de connaissances qui examinent la vue d’ensemble en étudiant les façons, les moyens et les répercussions générales de notre présence et de nos activités sur les océans. Elle développe de nouvelles technologies et, dans certains cas, elle les combine à des technologies et des matériaux du passé pour tirer parti des avancées au bénéfice des industries tout en minimisant l’impact global pour le bienfait des écosystèmes océaniques.

En ce qui a trait à l’industrie de la pêche, qui représente le cœur des activités de Ashored, les répercussions négatives font souvent la une et elles présentent des statistiques aussi percutantes que : « l’industrie de la pêche commerciale contribue à 640 000 tonnes de près des 8 millions de tonnes de plastiques qui entrent chaque année dans nos océans » et « environ 140 000 animaux marins meurent chaque année en raison de l’enchevêtrement dans les engins de pêche ». Même sans faire une plongée en profondeur dans les microplastiques et le lessivage par additifs chimiques, nous pouvons très rapidement conclure que cela aura en effet une incidence négative sur la vie des océans. Toutefois, ce qui est moins compris, c’est l’analyse de rentabilisation des pêches pour résoudre les problèmes des engins de pêche abandonnés, perdus et autrement rejetés (ALDFG) ainsi que d’autres défis écologiques.

Par exemple, dans les pêches à engins fixes comme celle au homard et au crabe, l’une des conséquences de l’ALDFG est un scénario connu sous le nom de « pêche fantôme » où la vie marine capturée dans des pièges perdus meurt et devient des appâts pour d’autres espèces dans un cycle continu.  Pour la perte économique reliée à la pêche commerciale, certaines études estiment que la perte due à la concurrence artificielle créée à partir de ces pièges de pêche non tendus équivaut à 4,5 % de la récolte annuelle moyenne.

L’argument le plus convaincant en faveur de la technologie bleue du point de vue de l’industrie vient peut-être des consommateurs finaux. Aujourd’hui, les gens veulent savoir d’où provient leur nourriture, comment elle a été récoltée; ils veulent savoir que leur nourriture est non seulement saine et sécuritaire, mais aussi qu’elle est récoltée ou produite d’une manière qui est aussi saine et sécuritaire pour l’environnement. Les énoncés sur les menus décrivant les aliments ou les ingrédients comme « sans danger pour les baleines », « d’origine durable » et « pêchés à l’état sauvage » traduisent tous un sentiment plus élevé de valeur et de responsabilité environnementale. Ce qui est peut-être encore plus révélateur, ce sont les changements de politique au niveau des gouvernements dans le monde au cours de la dernière décennie qui apportent maintenant des changements aux réglementations et du financement pour soutenir ces initiatives vertes et bleues. L’annonce récente du gouvernement fédéral du Canada concernant la technologie de protection des baleines en est d’ailleurs un bon exemple. Non seulement la technologie de protection des baleines sera obligatoire dans les pêches à engins fixes à partir de 2023, mais on investit également 20 millions de dollars dans un fonds de sécurité des baleines pour soutenir l’adoption de cette technologie avant les saisons de pêche de 2023.

Il s’agit d’une excellente nouvelle pour nous, en tant que jeune entreprise et seul fabricant canadien d’engins de Rope-on-Command (sans cordes). Cela vient positionner le Canada à l’avant-garde de ce changement global vers une économie bleue et crée ici même des possibilités de croissance, d’innovation et d’exportation alors que d’autres pays cherchent à suivre l’exemple du Canada.

Personnellement, la chose qui rend l’économie bleue particulièrement attrayante, c’est qu’elle en est encore plus ou moins à ses débuts et qu’elle est étayée par l’idée de mieux faire les choses au rythme de l’accroissement de nos connaissances. Chez Ashored, nous avons commencé par l’idée que nous voulions nous attaquer à un problème ressenti localement et d’importance mondiale. Nous le faisons, et nous faisons une différence dans le processus, mais pour les entrepreneurs potentiels qui cherchent à faire leur marque, le passage mondial à une économie bleue crée un monde de nouvelles occasions dans un large éventail de secteurs industriels et de domaines d’étude qui offriront de nombreux défis plus importants à l’échelle mondiale pour les années et les décennies à venir.

Aaron Stevenson
PDG de Ashored Inc