La Vision des deux yeux pour favoriser une économie bleue durable

de : Ralph Eldridge, Leah Beveridge & Shelley Denny

L’économie océanique du Canada connaît une croissance transformative. Il n’a jamais été aussi essentiel que maintenant d’équilibrer la santé et la productivité des océans en une seule priorité. Alors que nous nous penchons sur des modèles de durabilité, nous devons le faire en utilisant les deux yeux.

Ainsi, l’une des priorités de Supergrappe des océans du Canada est d’adopter une approche de « Vision des deux yeux » (Etuaptmumk en micmac) afin de réunir la science occidentale et le savoir autochtone. Un groupe consultatif examine actuellement des recommandations de politiques et de programmes qui viendront guider une activité océanique qui s’harmonise mieux avec les priorités des communautés autochtones en vue d’intégrer cette approche de Vision des deux yeux aux initiatives de Supergrappe. Shelley Denny a été l’une des premières à défendre cette vision sur le groupe consultatif. Mme Denny, directrice de la recherche aquatique et de l’intendance de l’Unama’ki Institute of Natural Resources, explique : « La vision des deux yeux reconnaît l’égalité des différentes connaissances et les forces du savoir par le biais de multiples perspectives. »

La Vision des deux yeux est une manière fondamentalement différente de considérer la connaissance parce qu’elle est basée sur le concept qu’on peut voir le monde de différentes façons. « D’un œil occidental, le monde peut être divisé en compartiments (disciplines), le travail peut être divisé entre les experts, en un travail d’équipe, puis rassemblé pour former une image plus complète de l’ensemble parce que chaque personne peut plonger beaucoup plus profondément dans son domaine d’expertise. Mais d’un œil indigène (générique), on ne peut pas diviser le monde, donc on ne peut pas diviser la biologie de la physique », a déclaré Leah Beveridge, membre du groupe consultatif et candidate au doctorat à l’Université Dalhousie. « Par exemple, on ne peut pas diviser les aspects environnementaux des aspects sociaux, des aspects culturels, des aspects spirituels et des aspects physiques; le monde est un tout et nous en faisons tous partie, en y vivant, l’influençant, et non pas comme des étrangers qui le regardent de haut. Une Vision des deux yeux exige que nous regardions le monde dans les deux sens. »

Il n’y a pas qu’une seule vision autochtone du monde. Il y a celle des Premières Nations (pluriel), des Inuits et des Métis; chacun possédant sa propre culture et sa propre vision du monde. 

Les peuples autochtones ont des perspectives et des relations uniques avec l’eau. Les trois océans du Canada ont été leurs foyers et ont joué un rôle important dans leur maintien et leur définition. De nombreuses communautés autochtones possèdent une connaissance accrue de nos océans, des relations entre les espèces marines et leurs écosystèmes.

« Le savoir autochtone doit être interprété selon une perspective autochtone; ce qui signifie que les peuples autochtones doivent être des partenaires dans le processus », a ajouté Mme Beveridge. « En tant que personne non autochtone, je suis ébahie depuis longtemps par le concept de la vision des deux yeux, mais aussi complètement perdue pour le mettre en pratique. Je ne suis pas autochtone, donc je n’ai pas un œil autochtone, alors comment puis-je voir à travers cet œil! Mais un aîné m’a alors fait remarquer que je peux apprendre à voir le monde d’une manière différente. Je ne détiendrai pas le savoir autochtone, mais je peux m’entraîner à regarder le monde sous un autre angle. »

Chez Supergrappe des océans, nous savons que la promotion de la collaboration impliquant différentes idées, connaissances et expériences élargit les possibilités d’innovation. L’intégration de la Vision des deux yeux apporte de nouvelles façons de collaborer avec des communautés autochtones, à éliminer des obstacles et à aligner des priorités commerciales et communautaires qui contribuent à la santé et à la productivité des océans.

Tel que publié dans un article spécial dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau dans le National Post.


Ralph Eldridge
Gestionnaire de la mobilisation des Autochtones
Supergrappe des océans du Canada

Leah Beveridge
Membre du Comité consultatif Vision des deux yeux
Candidate au doctorat
Université Dalhousie
Shelley Denny
Membre du Comité consultatif Vision des deux yeux
Directrice de la recherche aquatique et de l’intendance
Unama’ki Institute of Natural Resources