Don Grant, directeur exécutif du projet Ocean Startup (Démarrage dans le secteur de l’océan)
Riche de technologies perturbatrices et transformatrices qui viennent refaçonner notre façon d’interagir avec nos océans, l’écosystème de démarrage dans le secteur de l’océan du Canada émerge rapidement en tant que chef de file de l’économie bleue. Les innovateurs de tout le pays prennent en effet conscience de l’une des possibilités les plus importantes du siècle en tirant parti de l’expérience, des connaissances et d’un esprit d’entreprise afin de créer des initiatives rentables qui sauront rehausser la santé des océans tout en faisant progresser le rôle du Canada dans un avenir plus durable et plus propre.
Malgré l’ampleur de ces possibilités, on retrouve encore une certaine confusion par rapport aux implications réelles de la technologie bleue. Simplifions donc cette notion en utilisant un terme analogue qui gagne en importance dans le discours public : la technologie bleue est la technologie propre. La technologie propre peut être définie comme toute technologie, tout produit ou service qui utilise moins de matériaux ou d’énergie, qui génère moins de déchets et qui provoque moins d’effets environnementaux négatifs que la norme de l’industrie. C’est précisément la nature de la technologie bleue pour l’océan. Examinons quelques exemples concrets de démarrages d’entreprises régénératrices dans le secteur de l’océan. Débutons par l’entreprise 3F Waste Recovery de Terre-Neuve-et-Labrador qui achète des peaux et des os de morue, traditionnellement considérés comme des déchets coûteux, et les utilise pour développer le premier collagène qui va « au-delà de la qualité alimentaire » dans des produits de beauté et des produits pharmaceutiques ainsi que d’autres produits. Reconnaissant les avantages que représente l’économie circulaire pour les entreprises, les gens et la planète, l’entreprise s’est donné pour mission de concevoir une gamme de produits à partir de déchets de poisson qui ont en fait une valeur plus élevée que la chair de poisson elle-même. 3F ne perturbe donc pas une industrie traditionnelle, mais elle adopte plutôt une nouvelle approche verticale qui crée un nombre plus élevé d’occasions économiques tout en réduisant les déchets. Cascadia Seaweed de la Colombie-Britannique et Seachange Biochemistry de la Nouvelle Écosse font pousser et traitent respectivement l’une des ressources les plus sous-utilisées et les plus importantes au monde, soit les algues, pour créer des entreprises en démarrage robustes et régénératrices de conditions environnementales dans le secteur de l’océan. Les algues offrent d’énormes possibilités de croissance dans de multiples marchés verticaux et ces entreprises exploitent ces possibilités d’une façon unique. Toutefois, ce qu’on retrouve au cœur de toutes ces entreprises en démarrage, c’est leur engagement à bâtir des entreprises massivement évolutives fondées sur des principes respectueux de l’environnement et socialement responsables. Le Canada sera le chef de file mondial dans ce secteur. Une autre entreprise de la Colombie-Britannique, a2o Advanced Materials Inc., met au point une nouvelle technologie de revêtement marin à base de polymères qui pourrait atténuer considérablement l’incidence environnementale de l’industrie du transport maritime, créant ainsi des environnements marins plus propres et réduisant également les émissions de gaz à effet de serre. Leur technologie bleue vient remplacer les peintures antisalissures conventionnelles qui libèrent des composés toxiques dans l’environnement marin par un système de revêtement non toxique qui réduit la traînée. La réduction de la traînée procure une meilleure efficacité des navires; ce qui se traduit par une réduction directe de la consommation de carburant et permet donc à la technologie de réduire directement les émissions de GES. L’entreprise prévoit d’ailleurs une réduction de l’ordre de 10 % des émissions de GES/CO2 en utilisant son revêtement de réduction de friction par rapport à une coque propre avec une peinture antisalissure standard. Le secteur des océans regorge de possibilités et l’écosystème de démarrage dans le secteur de l’océan connaît une lancée incroyable. La technologie bleue compte de nombreux autres développements significatifs tels que l’électrification de la propulsion marine, la capture et la séquestration du carbone dans les océans, l’utilisation accrue d’opérations autonomes, incluant les navires de surface sans équipage et les véhicules sous-marins autonomes ainsi que plusieurs autres. Le projet Ocean Startup (Démarrage dans le secteur des océans), en partenariat avec Supergrappe des océans du Canada, collabore actuellement avec 40 entreprises en démarrage de l’océan qui ont été retenues parmi 140 candidats canadiens. Alacrity Canada voit d’ailleurs une hausse d’intérêt et d’innovations océaniques proposées quotidiennement. Il se passe quelque chose de spécial dans le secteur des océans au Canada; cela transforme notre économie, régénère nos océans et notre avenir climatique et confirme encore plus la position de chef de file mondial en matière de durabilité de ce pays. En tant qu’innovateurs et citoyens du monde, nous avons tous un rôle à jouer dans l’économie bleue, et avec le monde entier qui observe, n’est-ce pas là le meilleur moment pour transformer des idées innovantes en entreprises prospères et durables? |
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