Vérité et réconciliation

Vérité et réconciliation
de : Ralph Eldridge, Gestionnaire de la mobilisation des Autochtones,
Supergrappe des océans du Canada

Vérité et réconciliation sont deux mots très puissants dans le lexique canadien d’aujourd’hui. Séparément, ils ne sont que des mots futiles, mais lorsqu’ils sont réunis, ils représentent alors un passé sombre, un présent douloureux et les efforts continus d’un pays pour réparer les préjudices faits à ses peuples autochtones.

Cette semaine, nous prenons un temps d’arrêt pour la première fois en tant que pays pour souligner la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une journée pour commémorer les enfants perdus des pensionnats, les survivants et les générations des personnes qui continuent d’être touchés par cet héritage traumatique. On avait d’abord proposé cette journée il y a près de six ans en tant que l’un des 94 appels à l’action du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation (CVT)  Bien que cela a nécessité beaucoup de temps, la création de ce nouveau jour férié fédéral a été rapidement annoncée après la pénible confirmation d’environ 200 sépultures à un ancien pensionnat de la Colombie-Britannique sur le territoire de la Première nation de Tk’emlúps te Secwépemc, suivie par des preuves supplémentaires par la Première nation de Cowessess de 750 autres tombes anonymes dans un ancien pensionnat de la Saskatchewan.

On estime que plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés de leur famille aimante pour devoir faire face à un grave endoctrinement qui leur a volé leur identité. Comme la plupart des Canadiens, je frémis simplement à l’idée de l’héritage de ce traumatisme et à la façon dont il a entraîné tant de déséquilibres et de désespoir auxquels les communautés autochtones sont confrontées d’un océan à l’autre. Il est difficile d’imaginer comment cela puisse être réconcilié de sitôt, mais sans aucun doute, cela doit commencer par la vérité, la vérité des voix autochtones, la façon dont elles choisissent de le dire et qui décrit la véritable mesure de l’assimilation forcée.

Je dois avouer que je n’ai pas lu les rapports complets de la Commission de vérité et réconciliation (CVT). J’ai lu de savants articles et des résumés des conclusions ainsi que les 94 appels à l’action de la CVT. Ces appels sont un mélange d’actions qui tentent de reconstruire ce qui a été perdu pour les peuples autochtones et de mesures concrètes que tous les Canadiens peuvent préconiser. Ces appels à l’action, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, sont de bons points de départ pour que les Canadiens commencent à s’instruire sur les injustices historiques, l’apartheid et le génocide des peuples autochtones ainsi que les voies de réconciliation qui s’offrent à eux.

Dans un rôle antérieur, j’ai eu le privilège d’être en contact avec les meilleurs éducateurs autochtones de Terre-Neuve, qui réalisent une refonte d’un programme qui représenterait mieux les points de vue autochtones.  Par ces conversations, j’ai commencé à comprendre que les résultats d’apprentissage pour les peuples autochtones doivent être fondés sur des enseignements autochtones réflexifs, réfléchis, intergénérationnels, spirituels et interreliés. Je pense que tous les Canadiens peuvent appliquer cette approche dans leur façon d’aborder leur propre compréhension des points de vue du monde autochtone. Nous pouvons avoir une meilleure écoute, non pas avec notre mentalité linéaire occidentale, mais avec une compréhension circulaire : ce qui s’est passé dans le passé apporte une incidence sur le présent et ce que nous faisons maintenant aura une incidence sur les sept générations futures. La compréhension ouvre des opportunités.

L’Aîné mi’kmaw Albert Marshall a d’abord conceptualisé Etuaptmumk – Vision des deux yeux. Cela est fondé sur une approche intégrée de l’apprentissage, pour voir d’un œil les forces des connaissances et du savoir autochtones, et de l’autre œil, les forces des connaissances et du savoir occidentaux. Les communautés autochtones sont des collaborateurs naturels de la gestion des ressources océaniques, de l’innovation et de la recherche qui sont enracinées dans leurs liens historiques, traditionnels et culturels avec l’océan. Pour les participants du secteur des océans, cette sagesse peut être le principe directeur pour bâtir des relations avec les communautés autochtones et établir des partenariats qui déterminent des priorités communautaires avantageuses pour les deux parties. Pour Supergrap